mercredi 11 novembre 2015

Sape et célébrités

Augustin Tine, APR, ministre des forces armées
Augustin piéTINE
Il parait que quand il parle à ses militants de Fandène, c’est comme  Abubakar Chekau en train de galvaniser ses Boko Haramers. Ils font un somme pendant son propos et se réveillent pour aller poser des bombes. Avec Augustin, aussi, c’est la même rengaine. C’est barbant quoi ! « Mesdames, messieurs, on est là aujourd’hui…». Il a pourtant gagné les élections dans son bled. Les pauvres, ils doivent vraiment s’ennuyer. Côté nippe, ça ne donne pas non plus trop envie de zieuter.  C’est moins chirurgical (il est dentiste. ses patients ont dû souffrir le martyre. Quand le toubib vous sourit, ça rassure)
Ousman Blondin Diop disait de l’élite technocratique postindépendance qu’elle avait la « certitude de détenir à elle seule les solutions des problèmes ». L’ancien de Ngazobil, lui, en crée davantage. Prière, madame, de revoir la mise de monsieur avant qu’il ne mette les pieds dehors. Faites en un devoir patriotique. A  moins que ce soit du garde-à-vous à la maison. L’ennemi a été identifié (histoire de rester dans le jargon militaire). C’est lui ! Erreur de frappe. Lâchons plutôt les bombes sur ses costumes aux manches anormalement longues, le col et les revers peu bien apprêtés, les cravates aventureuses, ses pantalons –osons le dire- bouffants, le bas plus froncé que l’entrejambe créant parfois des plis creux et aux relevés vieillots. Envisageons de le mettre en treillis pour que le supplice des yeux ne les énuclée un matin. Encore qu’il n’est ni fils d’Apollon le Grec ni descendant de Venus la romaine. Faudrait-il, en dernier  ressort, supplier  nos « Diambars » en partance pour l’Arabie Saoudite (Tiens, on n’en parle plus là) de le déposer chez Matteo Renzi. Repos !
Notre ministre des forces armées est moins « désarmé » avec le boubou traditionnel qui lui donne moins l’allure d’un raide maréchal de camp. Et si Macky nommait Diouma Dieng premier ministre ! L’ami de Thierno Alassane Sall, avec son 5.5/10, passerait certainement à la trappe au prochain remaniement.

Alioune Mbaye Nder, musicien
Alors Nder, à quand la douce « transhumance » vestimentaire ?
Quand on loue la miséricorde du Seigneur des religions monothéistes, le dévot est en interaction avec l’imaginaire « collectif ». Parfois, il pleure toutes les larmes de son corps. Quand c’est le maître bienfaiteur, le mortel, sous nos cieux, qu’il faut encenser, les exaltés, quelquefois des larbins, marmonnent leur acquiescement, entrent en transe et étalent leur générosité. Le louangeur doit savoir en profiter avant qu’ils ne se rendent compte du manège « institutionnalisé ». Ailleurs (ou toujours), en politique, on vous tourne en bourrique. Il faut s’assurer que le mors est bien en métal. Le pur sang (même s’il n’y en a pas chez les bourriques) est impétueux. Il boit l’obstacle ou vous jette à terre au beau milieu d’une nature hostile. Le thuriféraire plus avide que fasciné qui se complaisait dans de fausses espérances  ne se relèvera que grâce à sa ténacité et à sa capacité à s’adapter à la nouvelle configuration de son cadre d’expression qu’il avait déserté (Ou du moins qu’il ne réintégrait que pour nous apprendre que sa majesté est une divinité). Les férus des petits plaisirs de la Cour de France sous la Régence de Philippe d’Orléans y sont parvenus. Pourquoi pas l’ex rossignol des prairies bleues ? Il peut aussi choisir de cajoler les hommes de cour. Il faudra alors faire face à Doudou Ndiaye Mbengue !
Nder nous dit qu’il a traversé beaucoup de difficultés. Nous aussi, nous avons été peinés par sa « mue ». Il devra en faire une autre. Pendant son  « errance », on a appris à mieux s’habiller. On ne porte plus de casquette avec n’importe quelle mise, même pour dissimuler une tête chauve. La bouffonnerie est la chasse gardée de la nouvelle vague. Le salut est dans la transition que le roi du Mbalax est train de réussir en enfilant par exemple des costumes à la fois smart et « casual », en alliant le chic et le décontracté. Il ne s’agit pas non plus d’adopter la solennité vaniteuse des goûts de Karim Guéye le « ndar ndar » ou de faire du « no look ». Le talent ne suffit plus au pays de la Téranga où on célèbre Ouzin « Barigo » et où on ne connait pas la défunte Aminata Fall, où on s’excite devant des « amazones » et autres « gazelles » aux mouvements extravagants et délaisse celle qui  leur donne une signification à Toubab Dialaw.
La pratique esthétique est complexe. Elle traduit la maturité (ou non) de celui qui la cultive. C’est tout un ensemble homogène (la gestuelle, la posture…) qui détermine le rapport à l’autre. L’artiste doit se donner une identité - pas forcément loufoque - qui témoigne de son état d’esprit, de l’évolution de son corps (ce corps qui prend de l’âge. Yen a qui pensent  à Johnny Hallyday mais là c’est autre chose), de son art, de son environnement sociologique. Le Mbalax a ses exigences vestimentaires. Nder, il faut t’y mettre, « boul yakh sa palakh ». Tu es talentueux.


Alias Diallo, musicien
El Capo de la frime
Sidy Le Soleil, (Laissez-passer), nous rappelait récemment l’histoire de cette allemande que l’époux propret a tellement agacée qu’elle s’est résolue à demander le divorce. Il y a de ces êtres qui ne font rien dans les proportions normales. Ils en disent (Et dire c’est faire selon John Austin) toujours un peu plus. Parfois beaucoup moins. Permettez-moi de vous ennuyer avec mes anecdotes de ma barbante vie dakaroise. Quand mon cousin et moi obtînmes le bac (je me demande comment il a fait), nous nous inscrivîmes à l’Université Catastrophiquement Archaïque de Dakar (Ucad), au Centre de formation de jets de pierres et de techniques de défense aux grenades lacrymogènes. Ne disposant pas d’un logement au campus universitaire, nous quittions, chaque matin, les Parcelles à assainir pour nous y rendre. Mon cousin était friand d’anecdotes. Il en donnait souvent. Un jour, sur le chemin du retour, pour une insignifiante histoire de monnaie, il se bagarra avec le receveur du bus. Arrivé à la maison,  le visage boursouflé, oubliant qu’on avait partagé le même bus, il raconta la correction qu’il avait infligée au receveur. Moi, ce n’était pas ce que j’avais vu. Il était imbu de sa personne (tu m’excuseras « couz » si tu lis ces quelques lignes. Je voulais te le dire depuis longtemps mais puisque t’es un colosse…). Parfois, il suffisait juste qu’il se tût pour qu’on le complimentât pour sa mise ou qu’on le raillât moins. Ses drôles de mimiques, son exubérance de style  et ses extravagances « juvéniles » exaspéreraient plus qu’elles ne fascineraient des groupies surexcités. Et pourtant, il se croyait si bien fringant, si bien endimanché. C’est à se demander s’il ne prenait pas la pestilence pour de la fragrance. Aujourd’hui, le pédant a fait sa mue. Pour me souvenir des excentricités de mon cousin, il me suffit juste de passer une vidéo d’Alias Diallo, le précurseur du « Salsa Jalgati » (Allez savoir. James Gadiaga et le super Cayor nous avaient bien vendu un tel machin, le « Salsa Mbalax ». Et pour ne pas rabâcher la même chose, Alias y accole la danse préférée de nos éphémères héros de 2002). El Capo (lui, il dit que cela signifie « chef suprême » mais puisque je m’étais chamaillé avec mon prof d’espagnol…), ne veut rien faire comme les autres. Et cela lui joue des tours trop souvent. Un jour, il débarque sur un plateau de télévision couvert du « drapeau » des Pays Bas (Bon, disons costume quoi !) pour nous dire ceci : « Qu’il vente, qu’il neige, je porte toujours un costume, même lors de la fête de Tabaski. J’en mettrai quatre-vingts le jour de mon anniversaire au Théâtre national Daniel Sorano (on n’a pas regardé pour vérifier). J’ai trente costumes sur mesure dans mon armoire. J’aime la belle vie. Je joue plus que tous les musiciens sénégalais. Je suis d’une autre génération mais les jeunes (qui aimaient aussi Ndiogou loula intéressé, Badou Ndiaye et adulent Ouzin Barigo pour autre chose que leurs notes) raffolent de mes spectacles… ». Lequel de tes spectacles ? Quand tu chantes et danses ton salsa jalgati ou quand tu joues au baladin, à nous faire pouffer de rire, kaaw hoto watt, mais puisque netto ko bandoum…je m’en arrête là.


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