Les génies parmi nous, hommes de petites intelligences,
ont, sans vouloir rendre des oracles, cette créativité prémonitoire qui rebute
de prime abord les esprits étroits avant d’interpeller ceux-là plus alertes. Qu’ils
soient butés ou vifs, ils ont en commun le temps incertain comme à la fois
allié et contradicteur. Et Le revers et le triomphe comme baromètres de
leur risible et ignoble mauvaise foi.
Dans son film, « Manda-bi », Sembene Ousmane
nous rappelle nos propres inconséquences. Ceux à qui le « manda »
n’était nullement destiné espéraient davantage en jouir que le bénéficiaire.
Pour ce dernier, le temps filait vite. Il usa tant de subterfuges pour le
percevoir qu’il n’en profita pas assez (ou peut-être jamais). Les créanciers
commençaient à s’impatienter. Ils n’éprouvèrent aucune appréhension : « dès
qu’il disposera du mandat, il honorera ses engagements. Il n’est pas aussi
roublard que son vieux maître », se disaient-ils pour ne pas se faire du
mouron. Nous ne parlons plus du défunt cinéaste. Nous faisons référence au
peuple sénégalais à qui l’on doit une dette.
Euphoriques, nous ne fîmes guère attention aux nouveaux pestiférés « oisillons » de
mauvais augure (avec qui sa majesté picorait avant 2008) qui pépiaient. Paf !
Tout à coup, le chantre de la vertu se souvient de la bonne dame
« constitution » qui refuse
toutes les avances depuis juin 2011. Subtile dérobade ? Contrairement à
l’infortuné personnage du film de Sembene, l’ex-poulain de Wade a trouvé le
moyen de s’enfuir avec son butin qu’il avait promis de partager avec la
jouvencelle « démocratie », loin des aspirants ! Échappée solitaire sous les huées des râleurs publics et de la coterie des spécialistes
de la science dévoyée, le droit ! Avis, décision, rétroactivité. Et quoi
encore !
Il se retourna et vit qu’il n’avait pas affaire à une
bande de manchots et d’éclopés. « Ils courent vite dé. Gars yi ñu
concertation waay ! » Sa majesté a enfin compris qu’il ne fallait pas
toujours écouter les fidèles mammouths (Niasse, Tanor, Dansokho et leurs
cliques) qui barrissent de désillusions…électorales. Les situations les plus
incertaines ont été le fait de ces éternels et vieux « losers » et de
ceux qui portent mal le qualificatif « sage ».
Le juge constitutionnel sénégalais, si souvent
incompétent, ne sort de sa somnolence que pour renouveler son pacte
d’allégeance au « prêteur » de privilèges, le président de la
République. Il faut lui en savoir bon gré pour tirer parti de sa générosité.
Pour les Sénégalais, le contrat de confiance est rompu depuis belle lurette.
Qu’il y ait cinq ou sept « sages », on ne fera qu’en rajouter à leur
répugnance. Comme celle que devrait leur inspirer la classe politique, adepte
de pirouettes surréalistes. Ce référendum ne se résume pas en un
« oui » ou un « non » pour les citoyens embarrassés par
tant de reniements. Un faible taux de participation traduira forcément le
mépris du peuple à leur égard.
On peut légitimement douter de la sincérité du président
de la République, Macky Sall, singulièrement sur la question de la réduction
de son mandat. Il est également permis de s’interroger sur le débat entretenu
par l’opposition surtout en ce qui a trait à la laïcité. La complexité de cette
question commande un discours plus responsable pour ne pas mettre en péril ce
que les pères fondateurs ont minutieusement construit. Le crédule personnage de
Sembene aurait volontiers cédé son « manda » pour préserver ce legs.
Et vous, le feriez-vous ? Oui ou non ?
pertinente analyse!!! surtout le dernier paragraphe. certes le doute est légitime. Cependant... entre le "oui" et le "non" il faudra passer par delà le waxet afin de mener une réflexion de fond sur les réelles implications d'un "oui", d'un "non" ou d'une "abstention" symbole selon vous de la sanction du plus retentissant "reniement" de l'histoire de la téranga. Les réformes constitutionnelles se révèlent bien plus souvent porteuses de pièges. il faut dès à présent taire les bruits du waxet et faire retentir les silences du projet de révision notamment au sujet du changement ou non de république. c'est ce que je pense...
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