mardi 11 novembre 2014

Ce que me dit l’image

Une poignée d’individus près d’un troupeau, un arbre au beau milieu d’une bande de terre submergée de matières fécales forment le décor de l’arrière plan d’un  hameau peul du nord du Sénégal. Cette photographie laisse également apparaître quelques constructions en dur, des cases surplombées par des arbres qui cachent mal l’aridité de cet espace.
Cette image, présentant, à première vue, un village monotone et miséreux, avec des populations apparemment vivant d’agriculture et d’élevage, me rappelle les années passées dans un patelin du nord où je fus obligé de m’adapter à la nourriture, d’adopter un nouveau type de relations avec les aînés, d’écouter plus que je ne parlais, d’accepter de partager des  choses avec des gens que je ne connaissais pas, de sourire même si je n’en avais pas envie, de pleurer comme tout le monde sans savoir pourquoi. Quelque part dans le monde, cela s’appelle hypocrisie, ici on parle de solidarité…une solidarité étouffante qui ne laisse aucune place à l’initiative privée. Ici, quand quelqu’un quitte ce monde, sa progéniture ne se partage pas ses biens, l'aîné en fait tout ce qu’il veut. Il est le seul à savoir ce qui est bon pour tout le monde ! Quand l’aîné, nouvel opulent, épouse une quatrième femme, c’est pour alléger le fardeau que portent les autres épouses et mieux s’occuper des autres membres de la famille. Ici, l’Imam, ce n’est pas l’érudit, c’est celui qui porte le  « bon nom », celui qui est « bien né ». La déclaration de 1789, ils n’en ont pas encore entendu parler.

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