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Source : Fèré |
Mon grand frère, un presque octogénaire est une de mes
références bien que nous ayons une vision très différente de ce que devraient
être nos existences. C’est un homme tellement magnanime qu’il ne peut
s’opposer, aller à contre-courant de la majorité gouvernante ! Il me
ressassait sans se lasser dans ses réminiscences, moi qui suis vieux d’un peu
plus d’un quart de siècle, la belle époque senghorienne « diamano toussé
cornobof » (corned-beef).
Il me parlait aussi d’Abdou Diouf avec émerveillement.
Je me souviens de ce gros portrait de Diouf fièrement accroché au mur de sa
chambre. Je m’étais convaincu d’une chose : mon grand frère, connu pour
son engagement politique que n’égalait que son illettrisme embarrassant, était
un socialiste invétéré, sûr ; si socialisme il connaissait bien sûr. Il
avait la réputation d’être un « bon politicien » et embarquait
les vieux flemmards ingénus, pas difficiles à convaincre. Pour l’alternance
générationnelle, ils vous renvoient à Moustapha Niasse et à la bonne tenue de
ces godillots de l’alliance des formes de régression pour l’émergence d’une
gérontocratie autour d’un révérencieux jeune président à débarbouiller de temps
en temps, né après les ans-de-dépendance dont l’élection même est d’un
illogisme bouleversant. « En Afrique quand une vieille tête brûlée meurt,
c’est des fariboles en moins » nous dit Amadou Hampathé Ba à moins que je
ne me sois perdu dans ma citation ! Passez-moi cette digression.
On en était où encore ! Ah mon grand frère !
Je vous disais qu’il avait été avec Senghor et Diouf. Le président Wade est
celui pour qui il s’est également battu pour sa réélection en 2012. Il s’y
était employé avec une telle ardeur qu’on eut cru à une révélation divine. J’ai
quand même un peu du mal à l’appeler transhumant. Mon grand frère, pour parler
comme Paul Vidal en 1938 (ah ce n’est pas nouveau sous nos cieux alors !),
n’est pas comme ces « professionnels de la politique qui vont au gré du
vent qui souffle et de préférence du coté du plus fort pour ramasser leur part
dans l’assiette au beurre ». Mon grand se mit naturellement à dos quelques
jeunes fougueux embobinés par d’autres jeunes de la capitale qui, par la faute
d’un vieillard dégurgité par ses « sujets », avaient gagné un capital
sympathie auquel n’avaient pas droit les anciens fumeurs de chanvre indien dans
notre société. J’ai tendance aujourd’hui à croire qu’ils ne sont pas les seuls
à en abuser. Le problème de la transhumance me le fait penser plus
particulièrement le pathétique cas de l’ancien ministre sous Wade Khou-raillé-chi
Thiam à qui nous devrons justement fermer toutes les portes. Hélas ! le
peuple m’afflige. Peuple sénégalais mature, me diraient quelques chasseurs de
voix pour s’attirer la sympathie de mes compatriotes dont ils ne sont sûrs que
de leur crédulité. Autrement comment comprendre qu’un père de famille éternel
donneur de leçons, qui avoue avoir attiré, enlevé son pantalon, mis le
préservatif, pénétré une jouvencelle, ose nous sortir ce torchon « ces goujats
qui étranglent le Sénégal » et s’ériger en alternative aux hommes
politiques ? Sommes-nous aussi mal barrés que ça ? C’est
que ce Monsieur qui disait dans une émission ne se battre que pour sa
conscience et non pour les sénégalais avant sa « noyade » dans les abysses
de l’impudicité, est averti de cette imbécilité du peuple. C’était une
parenthèse.
L’indécence et l’immoralisme comme la transhumance ne
sont pas des problèmes qu’on règle par des lois. Khou-raillé-chi Thiam,
Cas-lidou Diallo, Innocence Retape, Ngoné douillette Ndoye (en attente parce
que certainement contrariée par la clameur d’indignation « Awa
Ndiaye », ne parlons pas de celle là)… ne débarquent pas dans les pacages
« marrons » avec leur cheptel, ils y atterrissent avec des
sénégalais. Il revient à ces derniers dont on loue la maturité qui n’existe
même pas dans l’imaginaire de ceux qui veulent nous la faire gober et de
certaines copies pissées pour ne pas dire pisses-copies, de ne circonscrire
leur engagement politique qu’au devenir de certaines individualités repues de
leur indignité. « Idy dafa mana polotik waaye bandi la »,
« Njomboor kañ lay ñow », « Macky moom Marêm la jitël »,
« Karim sacca naam saccoul ». Pour ce dernier, j’ai du mal à croire à
son innocence. Mais c’est regrettable que son sort dépende de la volonté d’un seul
homme, le gros poupon de Niasse, Macky Sall. Ne nions pas les évidences pour
nous donner bonne conscience en évoquant l’indépendance de la justice
sénégalaise. Cette indépendance dépend du nombre de zéros en jeu et des enjeux
politiques du moment. Le 23 juin n’y a rien changé. Dommage pour les disparus.
Osons espérer -parce qu’on en a les oreilles rebattues- que Singapour apportera
la lumière. Car la ligne démarcative entre le cas singapourien et
singea-pour-rien est très étroite. Autrement, il serait grand temps de procéder
à la création d’une cour de répression des légèretés et insuffisances de l’Etat
sénégalais qui a réussi à faire ravaler à certaines niaises gens des
vomissures.
Ne lâchons pas trop vite nos transhumants ou futurs
transhumants qui entonnent harmonieusement la même rengaine en invoquant une
vieille amitié avec le gros bébé de Niasse, les bons petits mets de madame
Sall, « togal nañ supukanja bu neex » ou une frustration que
quelques privilèges avaient engloutie. Kalidou Diallo, pour quitter le parti
déliquescent sénégalais (PDS), mon professeur au département d’histoire qui
passait le plus clair de son temps à théoriser de manière déchirante la
génération des procès de Karim et de ses thuriféraires, convoque les morts. Mon
cher professeur s’indigna du peu de commisération de la république wadienne à
la suite du rappel à Dieu de son fils (paix à son âme, j’aurai préféré qu’il
n’en parlât pas), créa son mouvement (ALED) qui n’existe que dans son
« cartable » (J’ai aimé l’expression, Elie Charles Moreau) et dit
travailler pour Macky et non pour l’alliance pour le partage des retombées
(APR). C’est quoi ça professeur ! Je vous connaissais plus convaincant que
ça. C’est un gémissement d’un garçon désillusionné que vous avez contribué
à former. Khou-raillé-chi Thiam également entonne la même
chansonnette…frustration ! frustration ! frustration ! L’auteur
de la déclaration la plus malheureuse, la plus désopilante de notre histoire
-je ris encore- était subitement à l’étroit dans le parti démocratique
sénégalais, autre patrimoine de Karim Wade ; lui et ses coreligionnaires
que le Président Wade humiliait à longueur de sénescence sans qu’ils ne
bronchassent. Le PDS, en acceptant de nouveau Khouraichi Thiam dans ses
instances, rate une belle occasion de poser un acte fort et de prouver qu’il
n’est pas une gentilhommière des rebuts politiques. Excusons les dames
transhumantes, il faut bien qu’elles continuent à arroser de millions les
soirées de Salam Diallo, Fatou Guewel et autres !
La solution n’est pas de combattre ces inconvenances
au niveau de « l’élite », il faut donner au peuple les moyens de
réfléchir sur les grandes questions, sur son devenir : l’acte 3 de la
décentralisation, le code électoral, les fonds politiques, les mécanismes de
contrôle pour que la nomination d’un ministre ou d’un directeur ne soit plus
des moments de jubilations scabreuses... Lamine Guéye disait par une belle
formule ceci : « Le besoin pour un clochard, c’est évidemment un
quignon de pain et une paillasse…mais fournissez lui du poulet rôti à point et
un lit de milieu, et il en usera tout aussi bien que quiconque ».
J’ai arrêté de compter, pour que le Plan Sénégal n’immerge, sur la « bonne
parole » de ceux qui refusent d’être des « citoyens ordinaires »
et des membres de la société si vile (civile), baraque de recyclage et tremplin
politique. Confier notre destin aux politiques et à ces « citoyens
extraordinaires » revient à se livrer au « fils » et à la
« fille » de la paresse (Hugo). L’espoir est mince avec un peuple à
qui il faut même apprendre les petites bonnes manières comme on les
inculquerait à des sauvageons : fais pas « pipi » ici, fais le
là bas. Mais le devoir d’un Etat est de persévérer malgré les difficultés
inhérentes à l’exercice du pouvoir politique.
C’est désespérant que Ceddo de Sembene Ousmane, le
testament de Thierno Souleymane Baal…soient d’une actualité brulante dans un
pays qui se targue d’être un modèle de démocratie, de bonne gouvernance en
Afrique…Ce qui n’est en même temps pas très ardu. « Au royaume des
aveugles, le borgne est roi ».
J’en étais où avec mon grand frère ? Aux
dernières nouvelles, il a déposé son baluchon chez Macky au moment où les
jeunes le quittaient. Neddo ko bandoum semble être son nouveau leitmotiv.
Macky bo tedé nélawal, la vieille garde veille sur toi ! Mais je continue
de croire que mon grand frère est un homme bon. Il ne sait pas faire autre
chose que la politique. Mais cette fois je lui parlerai, il ne faut pas qu’il
attende son « dernier souffle de vie » pour débarrasser le plancher.