Je
fis compliment à « mon grand souvent défoncé » de cette
savoureuse anecdote. Il en racontait de bonnes quand Jah ne faisait pas
immersion dans ses incessantes divagations. Il est de ces êtres dépréciés par
l’herbe hallucinogène mais d’âmes pures. Un prétendant vint voir sa sœur
absente de la maison. Il n’était pas bien habillé. On l’installa (j’ai envie de
dire parqua) dans la remise. Mère Theresa des rupins et autres fils de bonne
famille qui n’avaient pas besoin de sa charité, ni de sa sournoise prévenance,
demanda qu’on lui filât le « bol dof » pour s’en débarrasser. Elle ne se doutait pas que ce
« fagoté » pouvait être le bien-aimé de sa « chose », sa
fille. L’homme se gava amèrement pour narguer et prit congé de la famille sous
le regard condescendant de celle-ci. L’histoire entre ce crésus mal vêtu et la
demoiselle aux fantaisies agaçantes prit fin ce jour là. Mère Theresa, c’est
une évidence, s’en voulut à mort. Elle avait trop longtemps rêvé d’un gendre
plein aux as. Le Ciel l’en gratifia, jusque dans sa chaumière, dans une
enveloppe (vêtement) qui la répugna
autant que le suaire d’une victime d’égout.
La
nymphe (ou ce qu’elle croyait être) ne se remit pas d’être passée à côté d’un
homme riche qui ne s’encombrait pas de fioritures. En sus, elle semblait s’éprendre
de lui petit à petit. Peut-être, prit-elle juste goût à sa frugalité…et à ses
liasses. Quoi qu’il en fût, elle n’aimait pas le présenter aux individus à la
mise soignée et à la propreté et civilité douteuses, si souvent surexcités face
aux petites choses dont on ne se rend compte de l’intérêt aux yeux des autres
que quand elles prennent une ampleur presque insolite.
Pour
un morceau d’étoffe, on s’attache à l’autre, aux bourreaux, parfois aux
bonimenteurs qu’on accueille avec égards.
Il définit parfois nos rapports avec ceux qui aspirent ou prétendent
nous mener à bon port, l’homme politique. On s’est laissé divertir, en 2000,
par la tronche d’un apollon au teint crémeux. Aujourd’hui, j’entends par-ci,
par-là, quelques minettes survoltées et d’amusantes dames saliver sur « xale baca prison ba ».
Son « minois » et sa carnation (notre rapport avec l’épiderme est
complexe), semble-t-il, sont avenants. Chez nos cousins gaulois, on
« discutaille » sur l’embonpoint de sa bedonnante majesté. Au pays de
l’oncle Sam, on s’extasie sur la sveltesse du fils du Kenyan. Notre inclination
pour les insignifiances nous joue des tours. Le dandy, ce tire-au-flanc, ami de
nos bonnes dames, louangeur des benêts et dédaigneux à souhait à l’endroit des
miséreux, est préféré au « bûcheur ». Après on vient s’offusquer de
son indolence.
J’en
étais où avec « mon grand souvent défoncé », le taré de la
famille ? Il s’en donna à cœur joie. Il espérait, du fond du cœur, un jour,
pouvoir se gausser de l’infortune de sa
génitrice et de sa cadette. C’est lui qu’on suppliait de s’éclipser à chaque
fois que les gros bonnets (au propre) pointaient le bout de leurs…froufrous
pompeux. On lui promettait son poison. Il ne fallait pas qu’il empestât les
bergères dans lesquelles se vautreront les « grands boubous » empesés.
Car, Mère Theresa croyait toujours à la bonne étoile de sa petite crédule
qu’elle abêtit et rendit oisive et frivole. A plusieurs reprises, l’ex
innocente fille se noya, avec la vorace proxénète de sa progéniture, dans les
méandres des fringues d’apparat de ses aspirants.
Elles
s’attachèrent au paraître ; l’être les désenchanta comme les promesses d’un
monarque sadique (pas très loin de chez nous) des temps modernes face au
supplice de la guillotine. Le peuple découvre un jour qu’il avait une tête, un
tronc et quatre membres (mes cours à l’élémentaire) et que cela faisait mal
quand on les lui coupait. Il dissimulait juste ses imperfections, tares et
angoisses dans un grand boubou blanc et justifiait l’ignominie par ce que quelqu’un,
sous nos cieux, a assimilé à la culture grecque. Ce que l’on croit relever de
l’accessoire porte un message plus explicite que les fourberies du langage. Mon
« grand souvent défoncé », dans ses exquises errances, me le ressasse
continuellement.
A
suivre…