Ce
matin, je demandais à deux jeunes cousins ce qu’ils pensaient de l’équipe du
Sénégal après les matches livrés face au Ghana et à l’Afrique du sud. Après
l’euphorie née de la première victoire face aux Black stars, le doute, le
scepticisme et les réminiscences des désillusions resurgissent après le nul
concédé contre les bafana bafana. Au nom de quoi, un match nul contre cette
sélection devrait saper notre moral ? L’Afrique du sud est restée dix
match sans défaite avant la CAN, a éliminé le champion d’Afrique en titre, le
Nigeria chez lui, humilié le Mali en match amical à quelques jours de la
compétition. Nous avons été moins ballotés que l’Algérie qui s’en est sortie
miraculeusement –peut-être grâce aux prières d’un président immobilisé qui n’a
plus rien à faire- Une petite boutade, passons ! Le plus dur est derrière
nous ! Départissions-nous de nos infondées et chauvines prétentions. De
nos fausses modesties aussi, quand les conditions et le potentiel humain nous
autorisent à y croire. Osons y croire.
Le
Sénégal, malgré quelques insuffisances dans la production collective, dans
surtout l’animation offensive (un problème récurrent que ne purent résoudre les
différents sélectionneurs avant Giresse) qui n’a rien à voir au nombre de buts
que marque l’équipe, présente le meilleur effectif de la CAN. Beaucoup de
footballeurs sénégalais non selectionnés pour cette CAN auraient fait les beaux
jours de plusieurs des quinze autres selections (Remi Gomis, Demba Ba, Kevin
Gomis, Ibrahima Mbaye, Cissokho, Babacar Khouma Guèye, Bayal Sall…). Cela ne
garantit pas la victoire finale, c’est vrai. Mais on ne gagne pas avec des
borgnes non plus !
Giresse
a réussi à réunir des individualités autour d’un projet commun avec des
éléments interchangeables. Quelle autre équipe, dans cette compétition peut se
prévaloir de se passer de cinq éléments après une victoire et garder une
certaine cohérence face à une vaillante formation sud africaine qui n’a pas
fini de surprendre. Le Sénégal a utilisé jusqu’ici dix sept joueurs et compte plus
de points avec le Congo et la Tunisie sur l’ensemble des groupes (4). Ne
faisons pas la fine bouche. En 2006 en Egypte, les lions se sont qualifiés au
second tour après deux défaites. Dont une, ironie du sort, face au Ghana !
En 2002, malgré un parcourt exceptionnel, le Sénégal était contraint au nul
lors du troisième match face à la Tunisie et avait eu du mal à se défaire de la
Zambie. Un match qui rappelle étrangement celui livré face aux bafana bafana
surtout dans l’impact physique, la vivacité de l’adversaire. Nous ne nous
livrons pas à un exercice divinatoire à partir de joyeuses souvenances, il est
juste déraisonnable de tout remettre en cause après un match nul dans une
compétition qui a enregistré dix nuls sur seize matches au sortir des deux premières
journées. Il y a, en Afrique, pour ceux qui l’ignorent encore, un nivellement
des valeurs qui renseigne sur la progression des joueurs africains et. Des
scores à la Malte-Allemagne sont révolus.
Tous
les favoris et mondialistes –en rappelant que le Sénégal figurait dans le
chapeau des outsiders- ont, s’ils sont qualifiés (le Nigeria n’est pas
qualifié), soit enregistré une défaite (Algérie, Ghana), soit cédé des points
lors des deux journées (Côte d’Ivoire et Cameroun). Le Sénégal signe sa meilleure
entame depuis 2002 et est en mesure d’égaler le record de points obtenus au
premier tour depuis en tout cas six éditions (4 points en 2000, 7 en 2002, 5 en
2004, 3 en 2006, 2 en 2008, 0 en 2012).
Les
désillusions, les bides ont provoqué chez les sénégalais un syndrome mental
dont le seul avantage est de les rendre moins présomptueux. Ne cultivons pas
tout de même le défaitisme. Mithridatisons-nous contre le poison de nos
anxiétés. Des déceptions, l’Espagne en a connu avant de dominer le football mondial ;
la France aussi. Nous ne boirons pas le bouillon cette fois. A nous la coupe !