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Etudiant blessé suite aux affrontements avec les forces de l'ordre |
Le
protocole de Saly de novembre 2011 signé entre le gouvernement et le syndicat autonome de l’enseignement
supérieur préconisait la création d’une police universitaire pour la
sécurisation d’un espace particulièrement marqué par des actes de violence. Elle n'existe toujours pas. A la place, nous avons quelques
individus musculeux qui suscitent chez les étudiants un sentiment de défiance.
Harouna Sy, dans une étude (Crises scolaires
et universitaires au Sénégal. La mécanique revendicative et ses cadres
organisationnels), mentionne trois types
de violence scolaire : la violence militante, la violence délinquante
et l’indiscipline. On ne peut pas dire que l’université Cheikh Anta Diop en
soit épargnée. C’est celle là militante qui est la plus présente dans le
campus. Elle est motivée par la défense d’intérêts spécifiques, essentiellement
des étudiants : hausse des frais d’inscription, retard de paiement des
bourses, bacheliers non orientés…Il faut ici pointer la mauvaise communication
des pouvoirs publics. Dire que tous les étudiants sont boursiers alors qu’il
n’en est rien peut créer un sentiment d’injustice, de frustration, vecteur de
violence. Pour certains, la bourse a une valeur éminemment sociale. Un espoir
déçu est porteur de germes de violence.
La violence peut prendre une forme délinquante
si ces revendications sont portées par des groupes politiques particulièrement
présents dans le campus universitaire ou par des individus qui n’ont pas ou
plus rien à y faire. L’université Cheikh Anta Diop est devenue un fourre-tout
où règnent des étudiants regroupés au sein des amicales de facultés souvent
utilisées à des fins politiques et pécuniaires. La dissolution des amicales
était la conséquence de la violence notée lors des élections. De l’indiscipline
des étudiants et de leurs hommes de main désœuvrés comme il en existe beaucoup
dans la société sénégalaise. Justement, c’est sur celle-ci qu’il faut porter la
réflexion. Les étudiants ne vivent pas en vase clos et viennent tous de quelque
part.
Un
fait reste constant ; il y a trop d’étudiants à l’université Cheikh Anta
Diop de Dakar. Leurs difficiles conditions de vie et d’étude ne favorisent pas
un climat serein. Les quotidiennes frustrations accumulées peuvent expliquer les
fréquentes séquestrations d’autorités administratives, les détournements de bus,
les échauffourées avec les agents de sécurité du campus…
Un
étudiant, par une boutade presque caricaturale, disait que le temple du savoir
est devenu un centre de formation de jet de pierres et de techniques de défense
aux grenades lacrymogènes. Cette moquerie ne déplairait pas aux usagers de l’avenue
Cheikh Anta Diop et aux forces de l’ordre.